Se balader dans le Jura, c’est
étirer le temps, les couleurs, les rencontres comme son vignoble s’étire sur
ses 80 km de vignes, villages de caractères, caves, vignerons passionnés...
Impossible à classer tant l’on passe d’une atmosphère à une autre, agréablement
accompagné d’un nectar toujours délicieux mais qu’il convient de prendre tout
son temps à découvrir. Le vignoble du Jura est de ces endroits authentiques où
l’on arrive sans se douter de tout ce que l’on va remporter avec soi, dans la
tête, dans le cœur…avec une petite voix qui murmure « Quand est-ce qu’on
revient ? »
L'Arbois...
Proclamée Capitale des Vins du
Jura, la Cité de caractère d’Arbois est un bon départ pour les plus cartésiens
qui auront plaisir à se (re)plonger dans les recherches de Louis Pasteur,
capitales, elles, pour la filière, dans l’intimité de son ancienne résidence.
Une fois l’appétit intellectuel
ouvert, la curiosité se poursuit au Musée de la Vigne et du Vin du Jura, niché dans
l’imposant Château Pécauld qui présente les différents types de vins
et les spécificités de la région ; on commence à entrevoir l’étendue du
voyage qui nous attend. On découvre en déambulant dans les rues typiques aux
côtés des Guides
pas Sages qu’Arbois n’est pas qu’une ville mais la première des 5
appellations géographiques du vignoble en volume, et rien de moins que
la première Appellation d’Origine Contrôlée de France (1936) !
Que de belles raisons de pousser
la porte des vignerons arboisiens qui se découvrent sur plus de 800 hectares au
gré de 13 communes, de Pupillin à Port-Lesney en passant
par Montigny-lès-Arsures, pour des dégustations et rencontres hautes en
couleurs.
Car si l’appellation Arbois a le cœur rouge avec une dominance des
cépages Trousseau et Poulsard (70% de la production), elle a le bel avantage de
produire l’ensemble des vins du Jura et on y trouvera aussi les
blancs floraux et tradition qui célèbrent le Chardonnay et
le Savagnin, les célèbres Vin Jaune et Vin de Paille sans
oublier les pétillants Crémants du Jura et le Macvin pour
finir en beauté son repas. A ne pas manquer plus au Nord encore, la Grande Saline de Salins-les-Bains et
sa galerie souterraine tout à fait grandiose, site classé Monument Historique
au Patrimoine Mondial de l’UNESCO.
Tant de découvertes ouvrent
l’appétit et peu importe que l’on soit à Arbois (La Balance – Mets et vins pour
son coq au vin Jaune), à Pupillin (Le Grapiot,
pour sa belle sélection de vins du Jura au verre), à Port-Lesney (L’Edgar, ce coin
à part pour son esprit guinguette) ou à Salins-les-Bains (Les Deux Forts,
pour sa bâtisse de 1479 et ses séjours épicuriens), on trouvera toujours un
accueil chaleureux et une assiette bien garnie, accompagnée évidemment d’un vin
du Jura.
CŒUR D’OR DU JURA, ENTRE
CHATEAU-CHALON ET L’ETOILE
Aux pieds de Château-Chalon,
plus Beau Village de France perché sur une falaise, les rangs de vignes sont
autant de marches d’un escalier géant à gravir pour en découvrir la beauté
protégée. Le temps ne s’étire plus une fois le village atteint, mais semble
s’être arrêté. Un panorama à couper le souffle s’offre alors, dominant le
vignoble dont l’appellation d’excellence produit exclusivement le célèbre Vin
Jaune, fruit de l’unique cépage Savagnin.
On veut forcément tout savoir de
ce petit coin paisible et si beau, direction pour ce faire la Maison de la
Haute-Seille qui propose une découverte ludique des vins du Jura et du
Vin Jaune en particulier, et tous les mardis de juillet et août des balades
vigneronnes et des soirées d’initiation œnologique.
Pour prolonger le plaisir on
s’attable à la terrasse ombragée du Ptit Castel qui surplombe toute la vallée en
peaufinant son programme de visites des vignerons qui sur 50 hectares cultivés
sur les communes
de Château-Chalon, Menétru-le-Vignoble, Domblans et Nevy-sur-Seille,
produisent un nectar exceptionnel pour lequel tout est aussi question de temps,
6 ans et 3 mois minimum précisément avant de pouvoir enfin le déguster.
En suivant la Seille on se laisse
emporter jusqu’à la Cité de caractère de Baume-les-Messieurs nichée
au creux des falaises, où le temps n’a toujours pas repris son cours notamment
lorsqu’on pénètre dans la sublime Abbaye impériale du XIIème siècle ou que l’on
s’aventure dans sa Grotte,
la plus grande du Jura, qui s’étend sur 1km de galeries avec de sublimes
salles où l’on découvre une rivière et un lac souterrain.
L’appellation de
l’Etoile toute proche étire à nouveau le temps, en remontant des siècles
en arrière par la présence des pentacrines, petites étoiles fossilisées dans
les rangs de vignes qui lui ont donné son nom selon la légende, de même que son
implantation au creux de 5 collines (les monts Genezet, Terreaux, Montengy,
Morin et Muzard) formant un pentagramme.
La tête dans les étoiles, on poursuit
son chemin à la rencontre des vignerons stelliens où chacun est une part
d’histoire, comme le Château de l’Etoile et le Château de Persanges et
leurs caves du XVIIème et du début du XIXème siècles. L’or est la
couleur maîtresse ici où les vins blancs sont rois grâce à l’encépagement
majoritairement Chardonnay, accompagnés du Savagnin et d’un peu de Poulsard
indispensables à la production du fameux Vin de Paille.
KALEIDOSCOPE
Il faut en faire des tours et
détours pour découvrir l’appellation des Côtes du Jura. Etendue sur les
80km du vignoble longeant le Revermont, c’est tout le territoire et pas moins
de 105 communes que l’on parcourt pour découvrir ses mystères. Terre de
lumières et de couleurs variées, on s’y délecte comme en Arbois de l’ensemble
des vins du Jura.
Dans la zone de Poligny,
c’est l’autre star du département qui est à l’honneur : le Comté,
dont on se régale à différents stades d’affinage en accord avec les vins blancs
du Jura. Pour être incollable sur cet artisanat gastronomique, on pousse les
portes de la Maison
du Comté pour découvrir son terroir et son savoir-faire avant de
transformer l’essai dans l’un des restaurants environnants, comme La Sergenterie avec
sa cave voutée du XVIIème siècle et surtout ses spécialités !
On se plait à buller le temps
d’une animation atypique du côté de Darbonnay chez La Bulle à parfums qui fait se rencontrer pendant 2h
les senteurs des fragrances et les arômes des vins, pour une dégustation
inédite des vins du Jura.
On arrête le temps une nouvelle
fois au caveau de la Fruitière Vinicole d’Arbois dans une ancienne église
du XIIIème siècle, on le remonte au Domaine Philippe
Chatillon avec les soirées vieux millésime, on le fait traîner
au Domaine
Les Monts Martin par une visite des vignes en calèche, on l’accélère
avec la Maison de Rose et ses balades vigneronnes au cœur des vignes
et du village de Saint-Lothain.
Plus bas vers les Coteaux
Lédoniens, les couleurs s’apaisent à Lons-le-Saunier qui oscille
entre pause détente avec les Thermes Lédonia, son parc classé et son établissement du
XIXème siècle et pause urbaine avec l’animation de son cœur de ville et sa
rue des arcades. Les vins du Jura ne sont jamais loin, on découvre le travail
en biodynamie au Domaine
Pignier à Montaigu, on visite les villages vignerons et le
vignoble du Val de Sorne avec un historien d’art aux Coteaux du Val
de Sorne, on suspend le temps à bord d’une montgolfière pour un vol
au-dessus du Nord-Revermont avec Espace Montgolfières.
On finit par glisser tout au sud
du vignoble, dans le Sud Revermont avec un premier arrêt
à Orbagna où La Caborde, aire Viti-Culturelle se dresse fièrement
au milieu du paysage. Ici se superposent espace de dégustation (24 références
de vins du Jura, à déguster au verre), expositions et animations, et l’on
profite des circuits de randonnée « oeno-découverte » tous les lundis
et samedis de juillet et août. Un peu plus bas c’est un trésor du patrimoine
qui se met sur notre route ; le Château médiéval de
Chevreaux offre un magnifique panorama sur la Bresse.
Notre échappée
jurassienne finit de la plus romantique des façons à Saint-Amour qui
dévoile ses tuiles rondes. On se laisse tenter par de jolies adresses comme
le Saint-Augustin,
hôtel-restaurant installé dans l’ancienne Chapelle du Couvent des Augustins
pour une cuisine raffinée des produits du terroir en accord avec les vins
locaux. Un dernier arrêt nous entraîne dans l’une des originalités de la
ville : l’Apothicairerie de l’Hôtel Dieu, ancêtre de nos pharmacies
qui nous offre un bond dans le temps avec sa grande salle voutée qui abrite
plus de 300 pots d’époques différentes.
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