lundi 10 février 2014

L'abbaye Saint-André dévoile ses jardins secrets, avec vue sur le palais des Papes

Sur les hauteurs de Villeneuve-Lès-Avignon (Gard), cachés dans l'enceinte du fort Saint-André, les Jardins de l'abbaye de Saint-André se déploient en balcon, offrant une vue imprenable sur le palais des Papes et les Alpilles d'un côté, le mont Ventoux et les dentelles de Montmirail de l'autre…



Classés aux Monuments historiques, ces jardins romantiques qui entourent un palais abbatial du XVIIIe, multiplient les ambiances : parterres de style toscan du XVIe, ornés de bassins et d'une pergola couverte de glycines et de roses, bosquets à la française, rocailles méditerranéennes, oliveraie centenaire, terrasses en promontoire...

Un site rare qui mêle, avec harmonie, l'art des jardins et une mosaïque de patrimoines religieux invitant à une balade dans l'histoire du Languedoc et de la Provence depuis le VIe siècle. Une visite dans des lieux inspirants, pleins de poésie à privilégier aux temps des floraisons. Concerts, expositions, jeux de piste pour les enfants, ateliers... seront au rendez-vous dans les Jardins de l'abbaye cette année. Ouverture du 1er mars au 1er novembre. 

De remarquables jardins perchés sur le mont Andaon…

Il faut gagner le promontoire de Villeneuve-lès-Avignon qui fait face au rocher des Doms d'Avignon, franchir l'enceinte du fort Saint-André par sa porte monumentale du XIVe, longer la rue pavée, sonner à la cloche de l'abbaye pour entrevoir les Jardins de Saint-André, derrière sa belle porte cochère. Il est rare de découvrir, sur 2 hectares clos de mur, autant d'espèces remarquables et de vestiges historiques. Un petit bijou végétal aux mille et une facettes, avec comme décor, le palais des Papes dans un long travelling au rythme de sa promenade.

Flâner dans les allées et s'initier à l'art des jardins…

Le jardin du Bas… En quittant la cour principale, dominée par la majestueuse façade du Palais abbatial, le jardin du Bas déroule son parterre toscan. Bassins de pierre de taille où se reflètent vases et sculptures, tables rondes en pierre avec leurs bancs circulaires entourés de massifs de roses anciennes, lauriers, à l'ombre des arbres de Judée... Elsa Koeberlé, poétesse et Génia Lioubow, artiste-peintre, propriétaires de l'Abbaye entre 1916 et 1950 ont recréé cette partie basse du jardin, selon les plans anciens de villas toscanes de la Renaissance. Longeant le pied de la terrasse, une pergola aux colonnes de pierre se couvre au printemps de glycines et de roses.

Des cyprès encerclant ce parterre mènent aux puissantes voûtes des bâtiments rasés de l'abbaye du XVIIIe. Sous ce dédale d'arcs, une vue sans-pareil sur le Palais des Papes d'Avignon et les Alpilles rappelle l'importance stratégique de ce haut lieu depuis le Xe siècle, date de l'installation de la première abbaye bénédictine.

Le jardin du Haut… Couvrant la plus grande partie des jardins, « le jardin du Haut » en terrasses, offre une vue exceptionnelle sur les dentelles de Montmirail et le mont Ventoux. Planté d'oliviers centenaires et d'espèces méditerranéennes, il s'étend jusqu'au sommet du mont Andaon. Alliant harmonieusement le végétal au minéral, sans plans précis, ce jardin, créé par Roseline Bacou, conservateur en chef au cabinet des Dessins du Louvre (propriétaire des lieux jusqu'en février 2013) laisse croire que les plantes s'épanouissent librement, redonnant vie aux vestiges de ce monastère qui fut l'un des plus grands du sud de la France.

Une allée de cyprès et d'iris bleus qui chemine à travers le champ d'oliviers, les assises des églises et la nécropole, mène à la chapelle romane de Sainte-Casarie (XIe), ermite vénérée du VIe siècle qui marque la naissance de l'abbaye. Ce jardin, plus secret, joue des senteurs. Cistes, coronilles et valérianes jaillissent des murets de pierres sèches. Un jardin où l'on s'égare pour le plaisir, espérant découvrir un vestige oublié.

 Une promenade dans l'histoire de la Provence et du Languedoc… Le parcours de la visite libre. En rez-de-jardin, les salles voûtées du XIIe s'offrent aux visiteurs après une vidéo de l'histoire mouvementée de l'abbaye du VIe siècle à nos jours. Une première exposition de vues anciennes et de plans décrypte les strates passionnantes de ce lieu. Puis l'ancienne cuisine de l'Abbaye avec sa cheminée monumentale, son four à pain et ses tables dressées plonge le visiteur dans le faste des Mauristes du XVIIe et XVIIIe. Une mise en perspective historique fort utile avant d'attaquer à son rythme la visite des Jardins.

 Le palais abbatial le temps d'une visite guidée. Lieu stratégique et spirituel, l'abbaye raisonne de nombreux faits historiques. Ermitage de sainte Casarie au VIe, monastère bénédictin au Xe, Saint-André devient abbaye royale au XIIIe siècle, commandant alors plus de 200 prieurés. Remanié fin XVIIe par l'architecte du Roi, Pierre Mignard, le palais abbatial conserve un portail et un escalier monumentaux, d'élégantes salles voûtées, où l'on peut admirer une succession exceptionnelle de plafonds.

Dans l'une d'entre elles, un cycle de trois peintures signées Emile Bernard orne les tympans. Nombreuses surprises architecturales ponctuent la visite : immenses colonnes de marbre rose, deux belles arches sauvées du péristyle restituant la finesse du cloître primitif... Et une multitude d'objets et de vaisselles anciennes rassemblés par Roseline Bacou.

Informations : www.abbayesaintandre.fr

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