Territoire ultra-marin du sous-continent américain, la Guyane à 7000 km de l’Hexagone, entre le Suriname et le Brésil, attire 73 000 touristes par an...
Par Marina Lempert
Outre le tourisme de mémoire, spatial ou d’affaires, les randonneurs sont nombreux, attirés par cette terre métissée, son incroyable biodiversité et son ambiance amazonienne.
Ce seul département français en Amérique du sud, qui s’étend sur 84 000 km2, pratique un accueil chaleureux. Il se découvre toutefois, loin des à-priori, avec patience et humilité, à 95% couvert de forêts d’un seul tenant ou presque, avec un littoral bordé de plages et d’estuaires et sous un climat équatorial pas toujours évident.
Au-delà
du tourisme : heurts divers...
Evidemment, inscrite
dans une politique contemporaine de développement et ce, à tous niveaux ; la
Guyane mise sur un avenir à la fois plus serein face à ses problématiques actuelles
et plurielles : ressources fossiles, déforestation, orpaillage clandestin,
pêche illégale, immigration non régulée, tension entre droit foncier et
coutumier, transfrontalier peu précis, filières économiques à relancer, manque
d’électricité, service de l’eau pas toujours assuré, problèmes de réseau,
autonomie de l’énergie… et plus prospère.
Entre espoir, initiatives, bilans mitigés, découragement et défis à
relever... politiques comme simples habitants, fiers d’être français mais
heureux de vivre sur leur terre de Guyane, se sentent parfois oubliés de
l’Hexagone… D’ailleurs l’Etat est à 99 % propriétaire du foncier guyanais, et
malgré qu’en 2017, il ait été demandé 2000 ha de plus pour divers projets de
développement, seuls 150 ha ont été concédés.
Le
focus : touristique, économique, environnemental
Saint-Laurent-du-Maroni :
l’énergie du renouveau...
A environ 260 km de Cayenne, la capitale, Saint-Laurent-du-Maroni est la deuxième ville de Guyane et la capitale de l’Ouest guyanais. Longtemps cantonnée à son passé colonial et d’administration pénitentiaire, « Ville d’ Art et d’Histoire » de part son architecture ; elle surprend par son expansion démographique, ses échanges commerciaux dus au fleuve Maroni et sa vitalité.
Le pari : supplanter Cayenne ?
Depuis 1949, la commune est sortie du système du Bagne, et est donc « de plein exercice ». Plusieurs zones d’activité se sont créées, principalement dans la Grande Distribution amenant 4000 emplois. Les projets : la réhabilitation des sites patrimoniaux -Camp de la Transportation, centre ville appelé le Petit Paris - et l’ambition d’un classement à l’Unesco. Suivent des installations d’écoles, de logements, de services. La professionnalisation de la filière tourisme et éco tourisme, une filière patrimoine, des formations autour du digital se mettent également en place. Enfin un projet hydraulique, une relance du BTP et des filières agricole, agroforesterie, pêche en partenariat avec la Collectivité Territoriale sont en cours … Saint-Laurent-du-Maroni se tient prête pour 2030.
Réserve
de l’Amana : une politique de protection et de développement durable...
Créée le 13 mars 1998, la Réserve naturelle de l’Amana se situe au nord-ouest, sur les communes de Mana et Awala-Yalimapo. Elle est gérée par le Parc Naturel Régional de la Guyane, créé lui en 2001 et qui rassemble 6 communes de la bande littorale sur une surface 6271 km². La Réserve, s’étend sur 14 800 ha de l’embouchure du Maroni jusqu’à l’embouchure de l’Organabo. Essentiellement littorale, elle est reconnue depuis 1993 « zone humide d’intérêt international ».
Le Parc, est un territoire de diversité naturelle,
avec des vasières, des lagunes, des marais,
des mangroves, des forêts, des savanes, des monts et montagnes…. Site de ponte
parmi les plus importants au monde, pour les tortues marines Luth, il abrite aussi
de nombreuses espèces d’oiseaux et des grands félins -jaguar, puma…- Il
a rejoint la marque « Valeurs parc naturel régional », marque des 53 parcs naturels régionaux de France. Enfin, différentes
communautés amérindiennes, noirs marrons, créoles, hmongs y habitent.
L’engagement et les missions : ancrage territorial, privilégier
les ressources endogènes, aménager et gérer les espaces naturels, éduquer les publics. En
accord avec ces missions, le Parc est également gestionnaire des réserves différentes
communautés : naturelles nationales Amana et
Kaw-Roura. Lauréat du concours national TEPOS pour le développement des
énergies positives.
Montsinéry-Tonnegrande : une croissance verte...
A une trentaine de kilomètres de Cayenne, ce
bourg tranquille, bordé de rivières, s’est
imposé au cours de son histoire par une forte identité agricole, forestière et
fluviale. Depuis 2015, suite à un appel à projet du Ministère du
Développement Durable, il a été retenu comme « Territoire à énergie positive
pour la croissance verte (TEPCV) en devenir ». En 2023, des actions EnR
-énergies renouvelables- en solaire, hydroélectrique et
Biomasse* -combustion de déchets de bois provenant d’exploitations forestières
et de scieries locales- sont annoncées,
très attendues et espérées exploitables en 2024. *projet porté par la société
Idex.
Le
Centre Spatial Guyanais : Port spatial de l’Europe..
Situé à Kourou, le CSG, créé en avril 1964 par arrêté ministériel, est l’un des lieux les plus importants du monde spatial. Géré par le Centre National d’Etudes Spatiales (CNES), Arianespace et l’Agence spatiale européenne (ESA ), il couvre une superficie de 650 km2. Cette base de lancement française et européenne n’est pas uniquement le site du programme de lancement des fusées Ariane mais aussi celui d’autres fusées comme Vega et Soyouz.
Fierté française comme européenne, représentatif
d’une épopée spatiale mouvementée, 39 entreprises industrielles européennes et
1700 personnes y collaborent. Un circuit très encadré, de 4 heures minimum, permet
à bord d’un bus, de parcourir une partie des différentes zones : hangars
gigantesques où l’on prépare ou on lance les fusées, bâtiments divers,
plateformes d’observation, le centre de lancement, la salle de contrôle ou
salle Jupiter. Depuis le dernier vol de Ariane 5 qui a eu lieu le 5 juillet
2023, seules les fusée Vega et Vega C décollent de la base spatiale en
attendant les prochains lancements de Ariane 6.
Il est possible en
s’inscrivant sur le site d’assister à un lancement aux dates indiquées.
Les enjeux nationaux et internationaux...
Au-delà de ses missions opérationnelles, le CNS
est un acteur majeur de l'économie guyanaise. Fortement impliqué dans son
développement, il est le deuxième site le plus visité de Guyane, après le site historique des
Iles du Salut au large de Kourou. Élément clé de la politique spatiale européenne, il promeut une stratégie de
collaboration internationale de par le lancement de satellites
d'opérateurs du monde entier, au service d'applications spatiales essentielles
au quotidien.
La
promesse de réduction empreinte carbone...
Réduction de la climatisation, nouveaux bâtiments, nouveaux
pieds de tir, aménagement des carburants… autant d’innovations porteuses. Le
CSG, en partenariat avec l’Agence Spatiale
Européenne (ESA) et le Centre National d’Etudes Spatiales (CNES), est à l’origine
du projet Hyguane, qui a pour objectif de produire 130 tonnes d’hydrogène vert
par an. Cette production
d'hydrogène vert réduira les coûts, l'exposition à la hausse des prix des
combustibles fossiles et soulagera le réseau électrique de la Guyane française.
Les savanes : Plantes rares, jaguars, pumas, tatous, paresseux, Ibis… prolifèrent tout autour et à côté des installations d’Ariane 6. Sentier et sous-bois sur quelques kilomètres, en permettent la découverte. Accès limité et protégé, interdit à la pêche, la chasse et à tout prélèvement de plantes. Là encore, on retrouve la même attention à la préservation de l’écosystème guyanais. https://centrespatialguyanais.cnes.fr - www.guyane-amazonie.fr
Crédit Photos : Comité du Tourisme de Guyane, Yannick Lagoyer (AJE), Le Parc Naturel de Guyane, CNES : P. Piron, JM Guillon, P. Baudon, Marina Lempert. Remerciements : Association des Journalistes de l’Environnement, Air Caraïbes, EDF, Voltalia, la Mairie de Saint-Laurent-du-Maroni, la Mairie de Montsinéry, le CSG
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