mardi 24 août 2021

Quatre expériences inattendues en Bretagne

Un soupçon de hasard en voyage ? Et si on se laissait prendre à la chasse aux pierres précieuses en pistant les cristaux, les paillettes d’or ou les grains de saphir qui se tapissent dans le sable...

Si on croisait peut-être un chef étoilé à la criée, sur un marché ou chez son maraicher préféré... à moins que l’on préfère se laisser envoûter par l’ambiance poétique des cimetières à bateaux ou percer le secret des cours intérieures cachées où se joue une vie parallèle dans les villes ?

Et si on faisait valser entre nos doigts des billes de magnétite, des cristaux de quartz étonnants, des particules d’or et de saphir dont regorgent les côtes bretonnes ? On se laisse guider par les zones de sable les plus foncées, plus concentrées en hématites, magnétites et paillettes d’or : une manière originale de découvrir les spécificités du territoire ainsi que ses richesses minéralogiques et géologiques.

Au large de la côte de Penthièvre (Côtes d’Armor), près du port de Dahouët, se niche la très secrète plage de la Mine d’Or, accessible depuis le sentier des Douaniers. Se dissimulent dans son croissant de sable fin des paillettes d’or baignées par les eaux émeraude. Une quête avec en toile de fond le port à marée de Dahouët, bordé par de cossues maisons d’armateurs. Plus à l’ouest, dans le Finistère, à quelques kilomètres de Pont-Aven, Le Pouldu (Clohars-Carnoët), plus connu pour avoir été immortalisé par Paul Gauguin, abrite 3 plages de choix (Kérou, Bellangenêt, les Grands Sables) pour la quête de grains de saphir ou de staurodites, minéraux mystiques en forme de croix allant du brun au rouge.

Au sud, direction le Morbihan et la plage de la Mine d’Or à Pénestin, au creux des falaises ocre, curiosité géologique unique en Europe qui s’étire sur un terrain de jeu de 2 km. Elle tire d’ailleurs son nom de la présence d’une mine d’or au 19ème siècle : les chasseurs d’or tamisaient les sables au pied de la falaise. Composé de couches sédimentaires et de sables déposés par un fleuve il y a un million d’années, dont la bordure est toujours visible sur la falaise, le lieu est un régal pour les géologues et les amateurs de spots insolites. Après une recherche méticuleuse de ces éclats précieux, on se détend autour de moules de bouchot qui font la réputation de la région.

Pour les passionnés de pierres millénaires, on file à la pointe sud de la presqu’île de Crozon, à la Maison des Minéraux qui fait le tour d’horizon des 1001 merveilles géologiques du Massif armoricain et qui réunit la plus grande collection de minéraux fluorescents d’Europe. On parcourt 475 millions d’années de vie minérale. Et pour les plus aguerris, des sorties thématiques permettent de tirer le filon… en or.

 Partir à la découverte des cours cachées 

Curiosité méconnue des Rennais eux-mêmes, les cours cachées se dérobent derrière des portes cochères ou des façades sculptées des portes d’immeubles ou d’hôtels particuliers. A l’abri des regards et de l’effervescence de la ville, Rennes se dévoile à travers une multitude d’ambiances : intime, colorée, végétalisée ou hors du temps entre fontaines, puits et jardins. 

Ces cours et ces cages d’escalier, anciennes écuries, étables ou ateliers de jardins sont intimement liés à la manière dont s’est construite la ville au Moyen Âge, à l’intérieur des remparts. Insoupçonnés des promeneurs, ces joyaux intérieurs sont accessibles grâce à des guides-conférenciers qui sont les seuls à en détenir les clés pour en profiter le temps d’une visite d’exception. Chaque cour est différente. De porches en venelles, zoom sur quelques-unes des plus remarquables : 

- Un goût d’ailleurs : celle de la Psalette, juste derrière la Cathédrale Saint-Pierre, est un véritable écrin de nature en plein coeur de la ville. Verdoyante, avec ses maisons à colombages typiques, elle a des accents exotiques entre ses orangers et ses camélias. Ses façades de pierre côtoient un monde de pans de bois. Un jardin secret avec son puits où résonnaient autrefois les accords d’une école de musique. 

- Passion bois : Rue Vasselot, à l’emplacement de l’ancien couvent des Carmes un escalier à double volée se dévoile lors des visites guidées. On y accède par une porte cochère dont la maison remonte au 16ème siècle. Un escalier arrondi à double rampe avec balustres de bois, surmonté d'une toiture d'ardoises, permettait d'accéder au couvent par des galeries également en bois.

- L’atout classique : Rue Saint-Georges, l’hôtel de Chalain est un exemple de disposition classique d’un hôtel particulier avec le corps de logis, les communs sur les côtés et les arcades des anciennes écuries. 

- La cour intérieure de l’Institut franco-américain vaut aussi le coup d’œil, avec une ancienne fontaine et un escalier d’exception du XIXème siècle. 

- La Cour Saint-Michel, ancien cachot, avec de faux-airs de patio andalou ou de cour vénitienne est un lieu festif où se nichent des terrasses secrètes. 

- La cour de l’Hôtel particulier de Blossac (rue du Chapitre), anciennes écuries, est la plus accessible avec son majestueux escalier d’honneur en bois. 

L’occasion de remonter le fil du temps en prêtant attention à certains détails comme les décrottoirs, l’ancêtre du paillasson, qui sont des encoches au niveau des portes d’entrée avec une barre en métal servant à nettoyer ses chaussures, ou encore la marque des encaveurs qui servait à faire pénétrer les barriques de cidre dans les caves. 

Se laisser envoûter par la poésie des cimetières de bateaux

La Bretagne abrite de nombreux cimetières à bateaux où se mêlent nostalgie et poésie. S'y forment des œuvres quasi vivantes qui se meuvent au grès des vents, de la valse des marées, des mousses, des lumières changeantes ou des crustacés qui s’y faufilent. Les couleurs de ces anciens thoniers, sardiniers, langoustiers ou crabiers y sont parfois encore vives et se fondent dans le cadre environnant, sur des plages ou des anses de rivières. Quelques-uns des spots que les photographes professionnels ou amateurs aiment immortaliser : 

- Sur le sable doré du port de Magouër, sur la rive droite de la Ria, à Plouhinec (Morbihan), on se laisse fasciner par ces géants des mers et on songe aux marins de l’époque voguant sur ces navires, dont la plupart sont des thoniers du début du 20e siècle.

- A Quelmer, le long de la Rance (Saint-Malo), on se laisse envoûter par la magie récréative de ce cimetière à bateaux dont les coques ont été ornées et décorées par des artistes locaux. 

- A Larmor-Baden, sur l’île éphémère Berder se découvre un cimetière à bateaux accessible uniquement à marée basse.

Palmiers, mimosas, oliviers : au cœur de cette végétation méditerranéenne foisonnante, il se fait sanctuaire de silence absolu entre verdure et sable fin.

- Au Bono, les sentiers littoraux mènent, au creux de l’anse de la rivière, à des carcasses de vieux navires voués à l’ostréiculture et reposant au milieu des fonds marécageux.

- A Kerhervy à Lanester, au bord du Blavet, reposent une trentaine d’épaves de thoniers autrefois basés à l’île de Groix dans une ambiance très particulière intimement liée au méandre de la rivière. L’occasion de belles balades et de prises de vue le long du Blavet.

Croiser un chef étoilé 

La fraîcheur iodée, le croquant des algues, la douceur des fraises de Plougastel… C’est toute la palette des saveurs de la terre et de la mer qui explose en bouche ! Terre gourmande et friande de restaurants, la Bretagne recense cette année près de 44 chefs étoilés, virtuoses de la cuisine locale. Où peut-on les croiser et « chaparder » quelques bonnes adresses ?  
 

Hervé Bourdon : A la tête du Petit Hôtel du Grand Large à Portivy, sur la presqu’île de Quiberon, il propose une cuisine végétale et marine, où la nature donne le tempo de l’assiette. C’est la Côte Sauvage qui l’inspire ; il vient y cueillir les herbes qui foisonnent sur ses sentiers. La roquette se retrouve ainsi savamment intégrée à sa crème brûlée. Les producteurs locaux de la presqu'île sont mis à l’honneur dans son restaurant : leurs photos ornent les murs. On y aperçoit Alain Pichonnet de la ferme du Champ-du-Trèfle à Erdeven, où il s'approvisionne en fromage et qui partage sa vision d’une gastronomie durable : ses vaches laitières sont nourries de végétaux produits par la ferme. Un amour pour le végétal qui l’a poussé à cultiver, sur la presqu’île, 3 jardins de légumes sans aucun produit phytosanitaire.

Nicolas Carro : chef trentenaire étoilé au guide Michelin et auréolé de trois toques au Gault Millau, il rend hommage au sein de l'Hôtel de Carantec**** (Finistère), à la Baie de Morlaix qu'il surplombe. Sa cuisine est mijotée entre terre et mer avec son iconique homard bleu d’Iroise rôti aux algues et son risotto de petit épeautre, ou son pigeonneau "au sang" et artichauts poivrade. Il met à l’honneur les produits locaux et valorise le riche travail de maraîchage dans un rayon de moins de 50 km. 

On peut le croiser chez son maraicher préféré : Régis Gueguen à Carantec, où il aime récolter l’artichaut Petit Violet, à la ferme Pie noir & Cie à Plouguerneau pour son lait ribot, ou à la ferme bio Kermen de Carantec pour son Cresson. Il vient aussi se fournir chez les viviers Willmann à Carantec. De Morlaix à Plougasnou, en passant par Locquirec ou Guerlesquin, plaisir de vacances ou rituel de semaine, les marchés de la Baie de Morlaix s’animent tous les jours autour des légumes du pays et des fruits de mer. Il se rend régulièrement chez des producteurs d’agrumes à Plouénan pour le fameux citron caviar (Camille Coatanéa et Gilles Le Bihan). Une production étonnante et audacieuse en Bretagne !

Christian Le Squer : Triplement étoilé, il évolue entre Paris et la Bretagne où il émoustille les palais dans un moulin du  XVème siècle, le Moulin de Rosmadec à Pont-Aven et au Paris-Brest, brasserie au cœur de la gare de Rennes. Originaire du Morbihan, sa cuisine a parfois un goût d’enfance, il n’hésite pas à proposer sardines et pommes de terre revisitées. Attaché à sa terre, il a aussi ses habitudes au marché à Hennebont où se côtoient maraîchers, volaillers, petits producteurs de Pontivy et poissonniers. 

Il se fournit également en petits rougets et en soles auprès de pêcheurs sur la Ria d'Etel, petite mer intérieure formant une baie parsemée d’îles, de lagunes, de plages sauvages, de marais, de parcs ostréicoles et de petits ports authentiques. Pour sa brasserie rennaise, il se source à 90% en local et apprécie particulièrement le foie gras breton de la Ferme du Luguen où les canards sont élevés en plein air ou chez les maraichers du Patis à Bréal-sous-Montfort où les légumes et les fruits sont cueillis tous les jours pour respecter leur maturité, leur fraicheur et leurs saveurs.  

Informations : tourismebretagne.com

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