jeudi 28 mai 2015

Montez à bord d'un train privé spécial sur la fameuse ligne du Transsibérien

De la frontière de la Mongolie à Moscou, neuf jours et neuf nuits inoubliables à bord du Bolchoï Transsibérien Express à travers steppes, taïga et villes chargées d'histoire…
  
 

Pékin-Moscou en train privé ! Suivre la route du mythique Transsibérien, s'arrêter chaque jour pour visiter la Mongolie, la Sibérie, l'Oural, la Russie profonde... Ce rêve devient réalité grâce à l'initiative de Frédérique Beaupertuis-Bressand. 

Cette spécialiste en France de la culture timuride (culture ouzbeck) et russe, organise du 21 septembre au 4 octobre 2015 un voyage très original dans le Bolchoï Transsibérien Express. Après une nuit passée en Chine profonde, on découvre le train privé qui nous attend, ligne bleue étincelante de long du quai de la gare d'Erlian. Dans le hall, diverses horloges indiquent les fuseaux horaires des villes que nous allons traverser.

Le train est composé de plusieurs wagons russes aux provenances et époques multiples : environ trente-sept locomotives différentes conduiront les happy few à bon port et se succéderont de gare en gare, selon les villes ou les régions. Les horaires sont concoctés en fonction de ceux des Transsibériens (Moscou-Vladivostok) et des Transmongoliens (Moscou-Pékin) que l'ont croise quotidiennement sur les voies.

Le plus grand intérêt du Bolchoï Transsibérien Express privatisé est de pouvoir s'arrêter, comme dans une croisière, pour visiter les villes et les sites multiples qui abondent de long de cette célèbre ligne de chemin de fer. Construite sur ordre du tsar Alexandre III en 1892 (quel Français n'a pas eu de parent ayant souscrit aux « Emprunts russes » pour financer le Transsibérien ?), elle reliait Vladivostok à Moscou et fut terminée en 1907 sous Nicolas II après avoir épuisé des millions de malheureux réquisitionnés pour ce travail titanesque, réalisé de surcroit dans des conditions  climatiques extrêmes.

Déjà au début du XXème siècle, les étrangers curieux et fortunés pouvaient voyager dans une certaine opulence avec la Compagnie Internationale des Wagons-Lits  sur la ligne du Transsibérien aux cotés des trains russes, compagnie créée par le belge Georges Nagelmackers. Passionné par les croisières de la Cunard, celui-ci avait voulu adapter le même confort à un train de luxe. Il profita de l'engouement des visiteurs de l'Exposition Universelle à Paris en 1900 où des wagons du Transsibérien étaient exposés dans le pavillon russe pour proposer aux touristes occidentaux un voyage de vingt et un jours de Paris à Vladivostok. Il partait de la gare du Nord où arrivaient déjà de nombreux anglais en provenance de Calais.

Le train est constitué d'une série de wagons aux fonctions bien définies : tout d'abord, le wagon-restaurant, découpé en boxes ourlés de volutes en fer forgé et qui abritent des tables de quatre personnes napées de blanc. C'est là que les repas sont pris en deux services, le premier pour les germanophones et le second pour les francophones, plus habitués aux horaires tardifs. Installé au cœur du convoi, le wagon-bar où les discussions et commentaires des journées se poursuivent tard dans la nuit.

C'est ici que Frédérique Beaupertuis-Bressand proposera chaque jour une conférence sur un thème nous aidant à comprendre les contrées traversées. Pour rejoindre le bar depuis sa cabine, on s'amuse à traverser les multiples soufflets qui dansent de manière infernale au fil du rail !               Dans le salon, on peut rêver en regardant défiler le paysage, savourer un thé, une vodka ou tout simplement bavarder avec ses compagnons de voyage. Belles et spacieuses, les cabines wagons-lits logent deux personnes en couchettes superposées ou en grand divan (royal pour les célibataires) selon la catégorie choisie. Certaine cabine bénéficie d'une salle de douche tout confort. Le responsable du wagon est à notre disposition pour un thé à toute heure et refait le lit en banquette de jour dès que les voyageurs sont occupés à prendre leur copieux petit déjeuner au wagon-restaurant.

La vie à bord de notre train privé est réglée comme du papier à musique. Tous les jours, une petite lettre d'information, nous donne le programme du lendemain. A chaque arrêt en gare, un guide local nous attend pour nous montrer les lieux phares de la ville : monastère bouddhiste dans les environs d'Oulan-Bator (Mongolie), Musée ethnographique (République de Bouriatie), marchés, églises, grand magasins, concerts, tout est prétexte à découverte. Dans chaque ville, le restaurant branché ou typique a été sélectionné. Au diner, les convives se mêlent sans place attribuée, échangent leurs impressions de visites et commentent le menu élaboré avec talent par l'équipe russe qui œuvre dans le wagon-cuisine. Oleg et Olga nous servent vin, bière ou vodka à volonté. Quant aux fumeurs, ils sont relégués sur une plate-forme extérieure.

Dès le premier tour de roue, l'émotion est au rendez-vous, avec l'impression très forte de vivre un rêve d'enfant, de suivre les traces de Michel Strogoff, d'Anna Karenine ou du docteur Jivago. Tant que dure le jour, on ne se lasse pas d'admirer de merveilleux spectacles par la fenêtre : galop des chevaux sauvages de Mongolie, yourtes disséminées dans la nature, lever de soleil sur le lac Baïkal, bulbes dorés des églises, gares à l'architecture majestueuse et emblématique, isbas colorées dans la brume du matin, immenses forets de bouleaux au clair de lune pour ceux qui, comme moi, ne ferment jamais leurs rideaux par peur de manquer quelque chose de rare !

A Irkoutsk, au bord du lac Baïkal, le souvenir des « Décembristes » justifierait à lui seul le voyage. Révoltées par le sevrage, ces jeunes aristocrates, célébrées par l'écrivain d'origine russe Henri Troyat dans « La Lumière des Justes », s'étaient soulevés contre le tsar Alexandre Ier. Ils furent déportés pour dix ans dans les bagnes de Sibérie et rejoints par leurs épouses et fiancées déchues de droits, parmi lesquelles des françaises. Quand le train emprunte la vieille voie ferrée le long du lac Baïkal et s'arrête au matin en pleine campagne au bord de l'eau, nous pouvons rencontrer les babouchkas qui tiendront à tout prix à nous montrer leur maison !

A Ekaterinbourg, l'ombre tragique des Romanov bouleverse. C'est en effet ici, dans la maison Ipatiev, que fut assassinée la famille impériale, aujourd'hui canonisée par l'Eglise orthodoxe. Devenue un lieu de pèlerinage clandestin, la maison fut rasée sur ordre de Boris Eltsine et une cathédrale s'élève désormais en ce lieu. A l'intérieur trône l'icone des Romanov et des portraits géants en noir et blanc des enfants impériaux sont accrochés à l'extérieur de l'édifice. Poignant ! 

Et comme pout célébrer la réconciliation de la Russie soviétique de la Russie impériale, une fresque a été peinte dans la salle d'attente gigantesque de la gare d'Ekaterinbourg, parallèlement aux fresques à la gloire des cosmonautes : on y voir l'icone des Romanov montant au ciel, entourée de part et d'autre par l'armée rouge et l'armée blanche, dont les drapeaux côte à côte sont les symboles unis de l'histoire russe. On apprend à ce moment la que la Russie apaisée a accepte son passé. Les statues de Lénine ne doivent plus être déboulonnées et l'Aigle Imperial bicéphale a retrouvée sa place sur les flèches de la Place Rouge près de l'étoile qui surplombe le tombeau du célèbre révolutionnaire.

Le circuit se termine à Moscou, plus belle que jamais. La ville brille de mille feux, l'enceinte du Kremlin ressemble à une grande pâtisserie colorée, les magasins ouverts le dimanche regorgent de badauds, les Moscovites se bousculent dans les musées et les salles de concerts. Cette citée marchande, toujours en rivalité avec Saint-Pétersbourg, révèle une énergie, un dynamisme, une soif de vivre ; la beauté de ses femmes aux longues jambes perchées sur de vertigineux talons aiguilles est unique au monde. Ici, on vit, on souffre, on se bat et on refait le monde au cours d'interminables discussions et avec un sens de l'hospitalité inégalable. La dernière visite sera pour le Kremlin, qui recèle le palais des Armures et le fonds diamantaire, véritable musée coffre-fort révélant les sublimes bijoux impériaux.

Ce fabuleux voyage, effectué au rythme lent du train permet d'embrasser passé et présent, et ainsi de mieux comprendre ce pays et son peuple tellement attachant. Parfois mal connu au point d'être calomnié, ce dernier retrouve ses racines, rebâti ses églises avec fierté et souhaite que l'étranger redécouvre ces belles années glorieuses ou les souverains Pierre le Grand et Catherine II se passionnaient pour notre culture et où l'on parlait français à la Cour de Russie...

CARNET PRATIQUE

Le voyage privatisé du Bolchoï Transsibérien a lieu environ tous les deux ans. Il est organisé par l'agence parisienne « Voyages à la Une ». Son fondateur, Denis Plé, s'est spécialisé dans des voyages à thèmes accompagnés par des conférenciers de haut niveau.

Attention il s'agit d'un voyage de découverte plus que d'un voyage grand luxe. Il est exceptionnel par son concept qui permet de stopper le train et de visiter ce qui est intéressant  et rare. Ces visites sont précédées de conférences à bord.

Informations : www.voyages-a-la-une.com


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